C’est comme si le temps passait plus vite au Caire, alors même que tout a l’air d’être plus lent, tout prend plus de temps. Pour obtenir quelque information d’une administration égyptienne, on doit attendre, le temps de boire un thé, l’entrevue, puis le papier ou le rendez-vous qui en résulte, mais les choses ne sont jamais simplement données, il faut recommencer si un peu plus tard on a besoin d’un complément d’information, et là tout à coup, le même papier ou le même rendez-vous n’est plus possible, repassez la semaine prochaine si vous avez une autre demande, et de toute façon la personne que vous voulez voir n’est pas là aujourd’hui, ou alors elle est là mais elle n’a qu’une partie de l’information, et celle qui a l’autre partie n’est pas là, et même si elle était là, il faudrait attendre, refaire le chemin hiérarchique, pour qu’elle accepte de donner quelques chiffres qui ne sont même pas supposés être confidentiels, seulement, en définitive, difficiles à obtenir. Alors il faut prendre son mal en patience, tenir compte des lenteurs, de l’alanguissement des fonctionnaires sous-payés.
En attendant, on peut lire Les années de Zeth, de Sonallah Ibrahim, paru chez Actes Sud, dont un chapitre drôlatique relate les affres bureaucratiques d’une Cairote moyenne. Il n’est pas toujours facile de voir avec autant d’humour que Sonallah Ibrahim l’administration. Mais on finit tout de même par obtenir, à force de patience, quelques morceaux d’information et de statistiques…